Les cimetières provisoires du Chemin des Dames
u 2 août 1914 au 11 novembre 1918, la France connaît 1560 jours de combats qui font un million et demi de morts dans le camp français, un million pour les Anglais, deux millions pour les Allemands. Il faut honorer d´une sépulture toutes ces victimes.
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Au Chemin des Dames, à Chamouille, le 1er novembre 1914. Les Allemands inaugurent leur cimetière (sur les hauteurs, au dernier plan le "Chemin des Dames").Collection particulière
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Craonne, cimetière provisoireCollection particulière
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Cimetière de Californie près de l'observatoire du plateau de Craonne. (Ce cimetière a été supprimé et le sol a été boisé).AD02-2 Fi 43
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Monument commémoratif devant l'entrée d'un cimetière provisoire allemand, Bouconvile, 20.5.15AD02-2 Fi 220
Au début de la Première Guerre mondiale, les tranchées constituent pour la plupart des combattants le lieu de sépulture. Les soldats tombés au combat sont inhumés rapidement pour des questions évidentes d´hygiène, le plus souvent de façon individuelle, parfois dans des fosses communes quand la victime n´est pas identifiée ou lorsque le temps ne le permet pas. Du côté français, le général Joffre donne des consignes pour des inhumations en fosses communes, jusqu’à 100 corps ; chez les Britanniques, le nombre maximal est fixé à 6, tête-bêche. En revanche, chez les Allemands, la tombe individuelle est immédiatement de rigueur. Elle s’impose rapidement chez tous les belligérants sous la pression sociale ; le fait est enregistré en France par la loi du 29 décembre 1915, de même que la mention légale « mort pour la France ».
Des cimetières provisoires sont improvisés près des lieux de combats, à proximité des tranchées et des postes de secours situés juste derrière les lignes, dans les cimetières communaux ainsi qu´aux alentours des hôpitaux situés dans les zones de cantonnement où les soldats sont évacués pour être opérés et soignés. Bon nombre des morts sont déclarés « inconnus », faute de pouvoir établir leur identité à partir de leurs effets personnels. Les aménagements sont très sommaires. Les tombes sont signalées par de simples croix de bois, qui bien souvent ne résisteront pas aux bombardements. De leur côté, les Allemands réalisent des constructions parfois imposantes, destinées à perdurer, comme des monuments funéraires ou des grandes croix de pierre ou de béton.
Pour recenser ces tombes provisoires, l’administration française met en place dès 1915 un service spécifique dit de « l’état civil du champ de bataille ». Une fois la guerre achevée, des nécropoles nationales sont créées à l´arrière de la ligne de front. Selon le décret du 31 juillet 1920, les « cimetières de guerre » deviennent nationaux et passent donc à la charge de l´Etat. Dès 1919, les travaux de terrassement pour le regroupement des corps des combattants exhumés dans les cimetières provisoires sont commandés par le Service de l´Etat Civil de la IIe Région Militaire. Le décret du 20 septembre 1920, autorisera les familles qui le souhaitent à rapatrier le corps de leur disparu aux frais de l’Etat.
Les chantiers funéraires débutent sur le Chemin des Dames par Cerny et Pontavert. Ils se poursuivent en 1920 par Craonnelle et Soupir et s´achèvent entre 1922 et 1925 par Berry-au-Bac, Vailly-sur-Aisne... Les morts des batailles livrées entre Soissons et Reims sont alors rassemblés dans plus de vingt nécropoles nationales. Le terrain occupé par les cimetières militaires étrangers est concédé à chaque pays concerné. Selon l´article 225 du traité de Versailles, chaque pays s´engage à entretenir les tombes militaires étrangères dressées sur son sol. La sépulture perpétuelle est donc assurée par l´Etat dans les cimetières communaux où les militaires ont été inhumés au moment de leur décès par décret du 29 décembre 1915.
Entre un tiers et un quart des soldats n´ont jamais été identifiés ou retrouvés, et ne disposent pas de sépulture connue. Le Mémorial virtuel du Chemin des Dames permet de leur rendre hommage et de retracer le parcours individuel de chacun des combattants tombés au Chemin des Dames.
https://inventaire.hautsdefrance.fr
http://expositionvirtuelle.memoire1418.org/
Guy FLUCHER, Le Chemin des Dames. Du champ d’honneur… au champ des morts, Louviers, Ysec, 2011, 128 p.
DEFENTE Denis, Chemin des Dames 1914-1918, Somogy éditions, 2016