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Le plateau de Craonne Winterberg en 1917
Le plateau de Craonne Winterberg en 1917
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Le tunnel de Winterberg : de l'ombre à la lumière

Un tunnel de la mort à Craonne

En novembre 2020 paraissait dans le journal Le Monde un article intitulé : « Un tunnel de la mort, mystère de la guerre 14-18, livre ses premiers secrets ». Cet article relatait l’histoire de l’ensevelissement de soldats allemands en mai 1917 dans un tunnel creusé sous le plateau de Californie à Craonne et les fouilles menées sur place par des passionnés, en toute clandestinité, dans la nuit du 31 décembre 2019 au 1er janvier 2020, et qui souhaitaient ainsi alerter l’opinion publique afin de faire ouvrir le tunnel pour donner une sépulture aux combattants ensevelis. Suite à cet l’article, un reportage d’un journal télévisé montrait peu de temps après les protagonistes de l’affaire sur place rapportant la découverte de ce qui selon eux ressemblait à un « Pompéi de la Grande Guerre ». Deux ans après le début de l’affaire et les vérifications entreprises sur place comme dans les archives allemandes par les autorités compétentes, il semblait nécessaire de revenir sur la véritable tragédie du Winterbergtunnel et lever le voile sur ses prétendus mystères. 

Alors que les autorités compétentes allemandes et françaises ont entrepris en 2021 des fouilles à l’entrée du tunnel, les archives du Land de Bade-Wurtemberg ont décidé de retracer l’histoire de la tragédie à partir des archives conservées au Generallandesarchiv à Karlsruhe et de présenter le destin de ces hommes au grand public dans une exposition itinérante franco-allemande, avec un support pédagogique. Après sa présentation à Karlsruhe en mai 2022, elle voyagera à travers l’Allemagne et sera présentée à la Caverne du Dragon ensuite. Le projet a été soutenu par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e.V. qui a généreusement mis à disposition les premiers objets sortis des fouilles.

L’exposition présentée à la Caverne du Dragon - Centre d’Accueil du Visiteur du Chemin des Dames du 16 avril au 30 juin 2022 doit permettre de faire découvrir les premières recherches effectuées en préfiguration de l’exposition itinérante franco-allemande attendue en 2023.

Le 111e Régiment d'Infanterie de Réserve allemand dans la bataille du Chemin des Dames

Le Reserve Infanterie Regiment Nr. 111 (RIR 111) est constitué en août 1914 dès le déclenchement de la guerre. Le régiment est encaserné à Constance, Donaueschingen et Stockach. Les soldats de réserve sont originaires du sud de l’Allemagne, les officiers viennent pour la plupart de Prusse, du nord et de l’ouest de l’Allemagne. Le régiment combat en France, en Artois, dans la Somme et à Verdun avant d’arriver au Chemin des Dames en avril 1917.

Durant l’année 1916, l’état-major allemand donne l’ordre de fortifier les positions du Chemin des Dames. En plus de l’aménagement de nombreuses carrières souterraines, une vingtaine de tunnels sont aussi creusés  sous le plateau pour permettre la communication vers les différentes positions mais aussi pour protéger les réserves en hommes, matériels et munitions. Ces organisations souterraines allemandes jouent un rôle majeur dans l’échec de l’offensive française du 16 avril 1917.

Plan du tunnel du Winterberg_Landesarchiv Bade-Wurttemberg GLAK 456 F 1 379
Plan du tunnel du Winterberg ©Landesarchiv Bade-Wurttemberg GLAK 456 F 1 379

Suite au déclenchement de cette offensive, le RIR 111 est envoyé en renfort au Chemin des Dames le 19 avril en passant par Sissonne, jusque Saint-Erme, depuis la gare de Wassigny, soit une marche à pied de 75 kilomètres en deux jours. Dans la nuit du 20 au 21, il occupe la position jusqu’alors tenue par le 4e régiment de réserve bavarois, au plateau de Californie (appelé Winterberg par les Allemands). La relève dura toute la nuit à cause des tirs d’artillerie et de la difficulté de reconnaitre le terrain. Craonne était tombé aux mains des Français pendant les combats des jours précédents. Le 1er bataillon occupa la Wanka-Linie qui parcourait le sommet du Winterberg, composée seulement de trous d’obus et quelques sapes. Plus en arrière, sur le versant nord du Winterberg, le reste du régiment fut placé en réserve. Deux compagnies qui ne trouvèrent pas de place sont installées dans le Winterbergtunnel. C’était une galerie souterraine de 260 mètres de long qui était en partie inachevée et disposait sur son extrémité sud de deux sorties de secours. L’air était amené par quelques cheminées verticales dotées de pompes alimentées par un générateur électrique. La 1ère  compagnie assure sur le versant sud-est du Winterberg, la liaison avec la 2e compagnie. A sa gauche, la 3e compagnie constitue l’aile gauche du régiment qui s’étend jusqu’à avec la route de Craonne à Chevreux, en contact avec le RIR 109.

Dans la nuit du 26 au 27 avril, ce secteur est prolongé de 250 mètres vers la gauche jusque l’ouvrage Wagner à Chevreux. Celui-ci était composé de deux tranchées proches l’une de l’autre, mais fortement démolies. La majeure partie des occupants été abritée en arrière, près de l’entrée d’un autre tunnel important à Craonne : le Heeringentunnel. Durant ces terribles combats, la plupart des hommes étaient exposés aux tirs continuels des Français. La 11e compagnie se trouvait près du cimetière de Craonne autour du Pionierweg. La 12e compagnie constituait la réserve du régiment dans le Winterbergtunnel où se trouvent également une partie de l’état-major du régiment.

Le RIR 111 couvrait une partie stratégique du front à Craonne sur une longueur de 1 500 mètres. Début mai, le régiment reçu un nouveau commandant le major Schüler, en remplacement du major Lentz tombé malade. Sa tâche principale fut de renforcer les défenses endommagées par les bombardements. Le principal obstacle était alors la mauvaise liaison avec la première ligne de combat dans Craonne, avec laquelle on ne pouvait pas communiquer de jour sans se faire tirer dessus. Des nouveaux boyaux sont donc creusés pour y placer des lignes de téléphone.
Dans le Winterbergtunnel se trouvait une petite station de télégraphie sans fil et sur la hauteur une station de signaux lumineux. Fin avril, un prisonnier français confirmait une nouvelle attaque imminente sur Craonne.
 

La catastrophe des 4 et 5 mai 1917

Début mai 1917, les tirs d’artillerie devenaient de plus en plus forts sur le Winterberg et son versant nord fut durement touché. Tout ce qui s’y trouvait comme abris fut démoli. En effet, le sol sableux n’offrait que peu de résistance, et certains soldats y furent ensevelis. Les 5e et 6e compagnies ont ainsi subi de lourdes pertes dans la Wanka-Linie et la Winterberg-Linie. Il fallait donc remplacer le 3 mai les deux compagnies par la 12e. Celle-ci s’efforça, avec des fractions des 10e et 11e compagnies, avec beaucoup de peine, de transformer les entonnoirs d’obus en ligne de défense et d’y créer des abris. Dans le tunnel du Winterberg, début mai, la survie était de plus en plus difficile car l’air devenait irrespirable et la chaleur insupportable. Comme il n’était plus possible de séjourner plus longtemps dans la partie sud du tunnel, il devenait nécessaire de regrouper les occupants dans la partie la plus proche de la sortie nord. Les blessés y gisaient au sol ou sur les lits dans une poussière très dense et à moitié morts de faim et de soif.

Le plateau de Craonne Winterberg en 1917
Le plateau de Craonne Winterberg en 1917.  ©Coll. Conseil départemental de l'Aisne

Le 4 mai à 10h du matin, commença un tir très violent d’artillerie dirigé par des avions français, contre le Winterberg et son tunnel. La montagne tremblait sous les détonations, et les soldats très affectés par le manque d’air et par la poussière, pensaient à chaque instant que le tunnel allait s’effondrer. A 11h45, l’entrée nord du tunnel fut touchée par un obus de 370 mm. L’explosion mit le feu à un stock de munitions et de fusées éclairantes. La fumée mélangée au gaz se propagea vers l’intérieur du tunnel et menaçait d’étouffement les soldats de la 10e et de la 11e compagnie. On ordonna l’évacuation du tunnel. L’état-major du régiment pu sortir, mais les hommes des deux compagnies restèrent bloqués à l’intérieur à cause des effondrements. Seuls 30 hommes ont pu encore être sortis. Il n’y eut plus aucune arrivée d’air frais, et un sauvetage devenait alors quasiment impossible. Des groupes de pionniers tentèrent sous les bombardements de pénétrer dans le tunnel, mais leur progression était rendu impossible par les fumées toxiques.

Pour le régiment cette perte d’effectifs devait se révéler lourde de conséquences pendant les heures critiques de l’attaque française du 5 mai 1917. L’objectif principal était maintenant de trouver une nouvelle ligne de défense car le front menaçait de céder. Dans l’immédiat, les restes des 5e et 6e compagnies devaient couvrir seules un large front pour défendre le secteur. Elles devaient faire la jonction avec les Wanka-Linie et Winterberg-Linie où devaient se trouver encore des fractions des 10e et 12e compagnies. Mais le bombardement s’intensifia tellement dans la soirée que seulement quatre groupes de la 5e compagnie avec trois mitrailleuses ont pu atteindre les hauteurs pour s’y placer sous les ordres du sous-lieutenant Schweizer de la 12e compagnie.

Major Schüler commandant le RIR 111 en 1917
Major Schüler commandant le RIR 111 en 1917. ©Landesarchiv BadeWurttemberg

Selon les estimations, environ 80 hommes ont pu être sauvés par les pionniers et les brancardiers à la faveur de la nuit tombée dans le tunnel. Les autres succombèrent à une horrible mort par asphyxie, par la soif ou se suicidèrent de désespoir. Quelques hommes, principalement de la 11e compagnie, sont extraits de la galerie effondrée : les sergents Heinz Hering et Friedrich Stein et le soldat Adolf Riedmüller, entre autres. Il existe des récits de témoins directs comme ceux d’August Berthold Kreiner et Karl Leopold Feßer, deux soldats ensevelis. Le chef de régiment Schüler dut se justifier dans un rapport à la 56e brigade d’infanterie de réserve de cette incursion ennemie dans ses positions et de la perte de Craonne. En effet, le 4 mai à 12h30 déjà, il avait averti la brigade de l’effondrement du tunnel et signalé qu’il n’était plus possible de sauver les soldats ensevelis à l’intérieur.

Malgré ses lourdes pertes, le régiment pu contenir encore un certain temps, au fusil et à la grenade, l’assaut français sur les hauteurs de Craonne mené par le 18e RI, qui parvient à contourner les postes avancés et trouve la plupart des défenseurs du Winterberg morts ou blessés dans leurs entonnoirs. Face aux tirs allemands, les troupes françaises sont également dans une position précaire sur le plateau de Californie face aux derniers défenseurs du RIR 111 et RIR 109.
Les trois dernières compagnies du RIR 111 encore en ligne sont relevées dans la nuit du 6 au 7 mai par des unités de l’IR 110, avant d’atteindre le camp de Saint-Erme. Le 6 mai 1917, l’IR19 et l’IR154 allemands parvient à s’accrocher à la partie nord du Winterberg. Une longue bataille allait désormais débuter pour conserver les points hauts du Chemin des Dames durant le reste de l’année 1917.
 

Une tragédie oubliée ? 

En quelques jours, le 111e régiment d’infanterie de réserve perd près de 800 hommes, tués, blessés ou portés disparus à Craonne. Rien que dans le tunnel du Winterberg, c’est environ 100 à 150 hommes qui disparaissent. Du côté français, les 18e et 34e régiments d’infanterie français, qui ont conduit l’assaut, subissent près de 2 000 pertes : morts, blessés ou disparus.

Soldats allemands du RIR 111
Soldats allemands du RIR 111. ©Coll part

L’ampleur de la catastrophe des 4 et 5 mai 1917 dans l’un des principaux tunnels creusés par les Allemands sur les hauteurs du Chemin des Dames repose en grande partie sur l’historique régimentaire du Reserve Infanterie Regiment Nr. 111 [Eduard Bacheli, Das Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 111 im Weltkrieg 1914-1918, Karlsruhe, 1938]. L’ouvrage raconte à l’aide de témoignages poignants comment les soldats ont péri ensevelis sous terre. Il s’agit de la source historique principale citée pour étayer la catastrophe. Or, il s’agit d’un historique paru en 1938, rédigé 20 ans après les faits sous le régime nazi, et dont le but était de glorifier les morts de la Grande Guerre. Bien des questions demeurent sur l’absence d’une mise en mémoire de cette tragédie du côté de l’armée allemande, lors de son retour victorieux au Winterberg en mai en 1918 ou même plus tard en 1940.

Plusieurs familles allemandes ont bien tenté de connaître les circonstances du décès de leur enfant et chercher un lieu d’inhumation. Comme pour des milliers d’autres soldats disparus, la Croix Rouge Internationale et le Zentralnachweiseamt de Berlin mènent des recherches pour retrouver des disparus de la catastrophe du Winterbergtunnel, en vain. En 1927, un monument est érigé dans un parc de la ville de Stockach à la mémoire des soldats morts du RIR 111 durant la Grande Guerre. En 1934, un autre mémorial est réalisé à St Oswald pour ce régiment.

Monument aux morts du RIR 111 Stockach
Monument aux morts du RIR 111 Stockach. ©Coll part

Le RIR 111 est un régiment de réserve badois et qui dispose de toutes ses archives conservées aux Generallandesarchiv à Karlsruhe, dont les registres matricules par compagnie. Les recherches menées sur place en 2014 et 2017 par le Département de l’Aisne ont permis de trouver les plans allemands des tunnels de Craonne. La position du Winterbergtunnel n’était donc pas un mystère ou une énigme pour les chercheurs en Histoire. L’ampleur des soldats morts dans les tunnels du Chemin des Dames dépasse la catastrophe du Winterbergtunnel. Les archives de la 7ème armée allemande possèdent plusieurs rapports de soldats ensevelis dans d’autres tunnels à Craonne et au Chemin des Dames. Avec le fruit de ces recherches et dans un souci de pédagogie, le Conseil départemental de l’Aisne a fait mettre un panneau dans le vieux Craonne en 2017, à l’occasion du centenaire, expliquant la guerre souterraine à cet endroit et relatant la « tragédie du Winterbergtunnel ». Les faits étaient donc portés à la connaissance des visiteurs depuis 2017 lorsque le site fut l’objet d’une d’une fouille clandestine à l’hiver 2019-2020.

 

Patte d'épaule du RIR 111 retrouvée lors des fouilles du tunnel du Winterberg, 2021
Patte d'épaule du RIR 111 retrouvée lors des fouilles du tunnel du Winterberg, 2021 ©CD02

Un projet relevant de l'archéologie de la Guerre 

Si la catastrophe du 5 mai 1917 est un fait avéré par les sources, il n’en demeure pas moins que la mise en lumière de la tragédie pose la question de la légitimé de l’exhumation des corps. Au regard de l’archéologie de la Grande Guerre, il appartient aux archéologues de se prononcer sur la pertinence de fouiller ce tunnel et ce qu’un tel projet pourrait apporter à la science, mais aussi de déterminer sa dangerosité. Il est certain qu’une fouille clandestine ne pouvait qu’endommager des éléments essentiels à la recherche archéologique.

Concression de clous et muntitions provenant des fouilels du Winterbergtunnel par le VDK en avril 2021
Concression de clous et munitions provenant des fouilles du Winterbergtunnel, avril 2021

C’est ainsi que le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e.V., en charge de l’entretien des tombes de guerres allemandes a entrepris plusieurs recherches dans les archives allemandes afin de réunir tout d’abord toutes les sources disponibles. Une équipe de chercheurs allemands et français ont pu, en avril 2021, vérifier si les fouilleurs avaient bien pénétrer dans l’entrée nord du Winterbergtunnel, qui s’est avérée n’être qu’une sape parallèle dédiée au stockage de matériels, discréditant les récits attestant la découverte du tunnel et encore moins de corps. Il est nécessaire de rappeler ici que la publicité faite à la première fouille clandestine allait à l’encontre des efforts déployés depuis de longues années par les institutions, collectivités et associations de préservation du patrimoine archéologique.

Manteau allemand du RIR111 retrouvé lors des fouilels du VDK en 2021
Manteau allemand du RIR111 retrouvé lors des fouilles du VDK en 2021 ©VDK

Saisis par les autorités françaises, les représentants allemands du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfursorge e.V. se sont emparés de l’histoire de ce site, en collaboration avec les partenaires français (l’ONACVG et la DRAC) et ont entrepris des fouilles sur place du 26 au 29 avril 2021. La localisation précise de l’entrée du tunnel a pu être confirmée. Celui-ci était flanqué de sapes parallèles servant au stockage du matériel, comme l’atteste un plan trouvé dans les archives du Land de Bavière, appartenant à l’unité de pionniers qui avait réalisé le percement du tunnel en 1915-1916. Ceci explique la nature des artefacts trouvés : pelles, pioches, clous, caisses de cartouches de masque à gaz et munitions.

 

Un lieu de mémoire franco-allemand 

Fouilles du tunnel du Winterberg tunnel en avril 2021 par le VDK
Fouilles du tunnel du Winterberg tunnel en avril 2021 par le VDK ©VDK

La fouille rigoureuse menée en avril 2021 ne mis au jour aucun corps, laissant en suspens la question de la mémoire des hommes demeurant dans le tunnel. Aujourd’hui, cent ans après cette tragédie, l’histoire du Winterbergtunnel est devenue un enjeu de mémoire : les restes des soldats doivent-ils être exhumés et enterrés Dans une nécropole militaire, ou doit-on condamner le tunnel et le considérer comme leur dernière demeure, comme beaucoup d’autres soldats encore présents dans la terre de Craonne ? Il y a aujourd’hui diverses manières de répondre à ces questions posées par l’affaire du Winterbergtunnel. Il semble encore difficile de faire parler les sources sur le nombre exact de corps que pourrait contenir le site. Les archives montrent cependant que l’on est bien en deçà des 270 corps évoqués lors de la fouille clandestine. Le site reste largement pollué par d’importantes quantités de munitions toujours dangereuses. Aujourd’hui à cause de la nature même du site et de sa dangerosité, il reste difficile d’envisager l’exhumation des corps qui reposent dans un lieu protégé puisque propriété de l’Etat, dans la zone rouge depuis 1921, en forêt domaniale de Vauclair gérée par l’Office National des Forêts (ONF).

Portraits de soldats disparus en 1917 au Winterbergtunnel
Portraits de soldats disparus en 1917 au Winterbergtunnel  ©CD02

Enfin, du point de vue scientifique, peut-on poursuivre l’exploration du tunnel avec une fouille archéologique complète, avec tous les outils de l’archéologie des champs de bataille pour alimenter notre connaissance du premier conflit mondial et pour la transmettre aux générations futures ? L’enjeu est peut-être avant tout de reconnaître cette tragédie et son importance pour l’histoire franco-allemande de la Grande Guerre au Chemin des Dames.  Un monument ou une stèle dédié aux soldats allemands morts dans ces galeries pourrait ainsi permettre de leur rendre hommage tout en sanctuarisant un peu plus le site de Craonne, en tant que lieu de mémoire partagé et lieu de sépulture commun. Il est important de rappeler ici que ce rôle mémoriel est déjà en partie joué par le monument Ils n’ont pas choisi leur sépulture de Haïm Kern, inauguré en 1998 à Craonne par le Premier Ministre Lionel Jospin, dédié à tous les morts sans sépulture connue, et qui depuis son vol en 2014 a été installé près de la Caverne du Dragon, musée du Chemin des Dames, le 16 avril 2017, en présence du président de la République François Hollande.

Remerciements : Volksbund Deutsche Kriegsgräberfursorge e.V., Archives générales du Land de Bade-Wurtemberg, ONF, ONACVG, Sécurité civile, commune de Craonne.
 

 

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