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Vue aérienne du chantier de fouilles archéologiques à Presles-et-Boves (Aisne), avril 2017
[Fouille-Presles-et-Boves] Vue aérienne du chantier en fin d'opération, 6 avril 2017
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L’archéologie de la Première Guerre mondiale : un essor récent

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a Première Guerre mondiale a laissé des traces nombreuses et profondes dans le sol des régions concernées. La guerre de position a en effet vite imposé aux belligérants de se protéger dans des abris enterrés et de circuler grâce à un réseau complexe de tranchées et boyaux. De la mer du Nord à la Lorraine, le territoire est physiquement marqué par des aménagements très variés : usage du bois et de la terre, du béton (armé ou non) et de la maçonnerie, du métal (IPN, tôle)…

Longtemps cependant, les traces laissées par ce conflit ont été perçues comme des obstacles à la lecture et la compréhension des vestiges plus anciens : une tranchée qui vient détruire un cimetière gaulois, des impacts d’obus qui masquent partiellement un bâtiment antique… Les archéologues prennent aujourd’hui la mesure de l’intérêt que présentent ces vestiges et intègrent leur analyse dans le processus de fouille.

A partir de la fin des années 80, l’essor des grands travaux autoroutiers dans le nord de la France offre l’opportunité pour la première fois aux archéologues d’être confrontés aux vestiges de la Première Guerre mondiale. La surveillance archéologique des travaux relatifs TGV Nord en 1988-1989, les diagnostics archéologiques préalables à la réalisation de l’A29 en 1997-1999 mettent au jour les différentes lignes du front, et les aménagements associés. Au cours des années 2000, les importantes surfaces décapées à l’occasion des fouilles nombreuses, en particulier dans les zones d’activités concertées (ZAC), sont autant d’occasions de comprendre la manière dont étaient occupés les tranchées et abris.

Si l’ensemble des documents produits pendant et après le conflit (carte, documents officiels, journaux de marche, récits…) présente de multiples intérêts, aujourd’hui bien étudiés et mis en lumière, ils demeurent souvent lacunaires ou muets sur de nombreux points. C’est l’archéologie, et les méthodes que cette discipline met en œuvre, qui permet de mieux comprendre les vestiges matériels laissés par le conflit et la manière dont ces derniers étaient occupés par les soldats.

A titre d’exemple, si les cartes anciennes documentent un secteur, elles se bornent souvent à utiliser des symboles ou se contentent d’un faible niveau de précision. En outre, elles rendent compte d’un état de la situation à un instant précis. De son côté, la fouille permet de documenter les techniques de construction (plus ou moins conformes aux préconisations hiérarchiques), les différentes phases d’élaboration (par l’analyse stratigraphique des différentes phases de mise en œuvre), la répartition fonctionnelle (espace de repos/de stationnement, couloir de circulation, espace de stockage), ainsi que la façon dont les occupants investissent les lieux (à travers les témoignages matériels de vie quotidienne).

Par ailleurs, il arrive fréquemment que certains vestiges découverts soient totalement inédits. En effet, certaines données sont jugées inutiles ou trop stratégiques pour être signalées. L’archéologie permet alors la mise au jour de vestiges demeurés inconnus jusque-là.

L’étude archéologique des dépotoirs apporte de nombreuses informations sur la vie quotidienne des soldats en temps de guerre, tant sur les pratiques alimentaires (types de boissons et de denrées consommées, nature des approvisionnements, ustensiles disponibles...) que sur les précautions en matière d’hygiène (soins et remèdes divers…). Dans le Pas-de-Calais, la ZAC Actiparc d’Arras a permis de découvrir un vaste dépotoir lié à un atelier d’artisanat de tranchée. Les douilles d’obus étaient utilisées pour façonner des boucles de ceinture, des étuis des boîtes d’allumettes, des encriers, des bougeoirs…

Dans le domaine funéraire, la découverte de corps, inhumés volontairement ou non, est fréquente. Outre la détermination de l’identité de l’individu, l’analyse de la position des ossements et des objets déposés permet de comprendre comment étaient pris en charge les défunts dans des circonstances de conflit.

Sur le Chemin des Dames, comme sur l’ensemble des lignes de front qui incisent le territoire français, l’archéologie de la Première Guerre mondiale s’est imposée dans le champ de la recherche sur cette période de l’histoire. La discipline accorde désormais toute son attention et sa rigueur à un épisode qui a marqué des millions d’hommes pendant de nombreuses années.

Gilles Desplanque,
Pôle archéologique départemental de l'Aisne
MÉDIATION SCOLAIRE
Le Pôle archéologique du Département de l'Aisne dispose d"un espace de médiation au sein du Centre de Conservation de Patrimoine, à Laon.
Ouvert gratuitement aux groupes scolaires, de l’école primaire jusqu’au lycée
http://archeo.aisne.com
mediation.archeologie@aisne.fr
Tél. : 03 23 24 87 48

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