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ne marche, puis deux, puis trois… La lumière du jour disparaît progressivement à mesure que l'on s'approche… La fraîcheur du lieu se fait ressentir petit à petit, l'obscurité vous enveloppe, le silence s'impose : vous voilà arrivé dans l'antre de la Caverne du Dragon.
La Caverne du Dragon / Die Drachenhöhle
Lors de la Première Guerre mondiale, les troupes allemandes se disputent cette ancienne carrière de pierre probablement exploitée à partir du XVIème siècle, sur le Chemin des Dames, dans le département de l'Aisne. Plus qu'un abri de fortune, les galeries se transforment vite en enjeu militaire stratégique de premier plan. L'une des légendes ayant peut-être inspiré aux Allemands le nom de « Drachenhöhle » (Caverne du Dragon) est la présence de fumées à chaque sortie, telle l’antre du Dragon des mythes wagnériens.
La guerre en sous-sol
Pendant la Grande Guerre, il est courant de trouver d'anciennes carrières d'extraction de pierre appelées « creutes », réaménagées pour les besoins des armées, et particulièrement dans l'Aisne. Lorsque les soldats allemands enlèvent la Caverne du Dragon aux Français en janvier 1915, ils prennent l'avantage pour dominer le plateau près de la ferme d’Hurtebise. Le refuge est un emplacement stratégique : la Caverne du Dragon permet des attaques et des replis par surprise sur le Chemin des Dames, route de crête surplombant les vallées de l'Aisne et de l'Ailette. Protégés du froid malgré une forte humidité, les soldats allemands transforment la célèbre « creute » en une véritable caserne avec postes de tirs, des murs anti-gaz et un réseau d'électricité. Alors que les morts s'amoncellent dans les tranchées, l'aménagement allemand dans les artères souterraines se met en place : des dortoirs, une chapelle, un puits, un poste de secours et même un cimetière…
Le 25 juin 1917, après l'échec de l'offensive du général Nivelle, des soldats français remportent une victoire symbolique : la reprise de la Caverne du Dragon. Ils repoussent peu à peu les Allemands au fond de la carrière. A partir du mois de juillet et jusqu'en octobre 1917, les deux camps ennemis imposent alors leurs frontières intérieures, chacun restant sur le qui-vive. Désormais, le moindre bruit entendu dans les galeries devient source d'inquiétude.
Un site de Mémoire
Devenant un site dédié au souvenir de la Grande Guerre dès 1919, la Caverne du Dragon se visite alors « à la bougie ou à la lampe au carbure » comme le signale le Guide Michelin des Champs de bataille de l’époque. En 1969, sous l'impulsion de Henri de Benoist, Président de la Jeune Chambre économique de Laon, de Gérard de Francqueville qui y associe le Souvenir français, et de Maurice Bruaux, Directeur du comité de tourisme de l'Aisne, un nouveau musée est installé et inauguré le 4 mai, en présence du ministre de la Recherche scientifique, Robert Galley.
En 1995, le Souvenir français confie la Caverne du Dragon au Département de l'Aisne. La Caverne du Dragon se dote alors d'une nouvelle scénographie. Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la Communication y est accueillie le 5 novembre 1998 à l’occasion du 80ème anniversaire de la fin de la Grande Guerre. Le 5 juillet 1999, le nouvel espace muséographique de la Caverne du Dragon est ouvert au public, et de part sa renommée, devient rapidement le premier musée visité du département de l'Aisne.
Mêlant galeries souterraines séculaires et scénographie contemporaine, la Caverne du Dragon met en lumière les éléments d'un passé lourd de souvenirs. A l'aide d'animations multiples, par le biais d'objets retrouvés dans les galeries, le visiteur se retrouve immergé dans la vie quotidienne des combattants du Chemin des Dames.